Nicholas Paphitis - AP
À la différence de certaines de ses voisines de Mer Egée comme Mykonos ou Santorin, Keros n'est qu'un caillou désert habité par un seul berger de chèvres. Mais c'est pourtant de cet îlot rocailleux que provient la plus grande partie de l'art cycladique, produit par cette brillante civilisation florissante il y a 4500 ans.
Aujourd'hui, les fouilles menées par une équipe gréco-britannique d'archéologues a mis au jour une cache de statues préhistoriques, toutes délibérément brisées aux alentours de 2500 avant J.C., et espèrent pouvoir commencer à résoudre grâce à elles l'énigme de Keros.
La civilisation cycladique, réseau de petites agglomérations sur plusieurs îles, commerçant avec la Grèce, la Crète et l'Asie mineure, est célèbre pour ses élégantes idoles de marbre, figurines ou plats visages d'une modernité étonnante, qui ont inspiré Picasso. Elle fut florissante entre 3200 et 2000 avant J.C., avant d'être éclipsée par la civilisation minoenne de Crète.
Colin Renfrew, responsable britannique des fouilles et professeur d'archéologie à l'Université de Cambridge, pense que Kéros était un site religieux important où ces idoles détruites ont été déposées au cours de cérémonies. «Nous sommes clairement face au premier sanctuaire régional de la Mer Egée», estime-t-il.
Ce qui pourrait mettre Keros à égalité avec Delos, île la plus sacrée des Cyclades,
considérée comme le lieu de naissance d'Apollon, et sanctuaire panhéllénique important de la Haute Antiquité jusqu'à l'époque chrétienne. Mais les découvertes sur Keros sont antérieures de 1500 ans au début du culte d'Apollon sur Delos.
Rien à ce jour ne prouve que la civilisation cycladique vénérait les Dieux grecs olympiens, apparus au second millénaire avant JC. Les croyances religieuses des Cycladiens restent un mystère, et aucun sanctuaire datant d'avant cette époque n'a été mis au jour.
Pourtant, nombre d'experts pensent que la religion cycladique était basée sur le culte de la fertilité lié à la déesse-mère du Néolithique. Et en donnent pour preuve les idoles cycladiques dont bon nombre représentent des femmes enceintes. Leur destruction aurait alors été un acte rituel.
Les statuettes brisées ont échappé aux pillards ayant pillé Keros dans les années 50 et 60. Colin Renfrew explique que les fragments d'ustensiles ou de statues ont été à nouveau brisés en petits morceaux, de manière étrangement délibérée.
Selon lui, certaines des figurines détruites proviennent de sanctuaires éparpillés dans toutes les Cyclades, et les tessons de poterie semblent aussi indiquer que le site de Keros attirait des visiteurs d'aussi loin que de Grèce continentale.
L'utilité des statues cycladiques, qui étaient à l'origine peintes de couleurs vives, reste inconnue à ce jour. Elles auraient représenté des dieux ou des ancêtres, servi pour des inhumations, des sacrifices rituels ou même comme jouets pour les enfants, selon les interprétations. On en a retrouvé environ 1400, dont on connaît l'origine dans 40% des cas, et dont le style de ces statues n'évolua guère en 800 ans.
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Nous sommes ici en présence d'une civilisation qui a précédé les Minoens et donc également l'âge d'or fomoire tel que défini par le mythe que nous avons recréé.
Une influence, même lointaine, par l'intermédiaire d'éléments ayant transité par les premières voies commerciales transméditerranéenne, est elle possible ?
mardi 6 février 2007
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